Le combattant pugnace, parfois brutal, n’est jamais loin. Garry Kasparov, 58 ans, n’a pas surplombé le monde des échecs durant une décennie et demie, et n’en est pas resté l’une des figures, peut-être la figure la plus marquante de son histoire, en étant gentil. De passage à Paris pour promouvoir une nouvelle application d’échecs, le vernis d’affabilité et de bonne volonté pour répondre à des questions qu’il comprend avant qu’on les ait finies se craquelle facilement. Il suffit de dire un mot : «Karpov.» Garry Kasparov se raidit, serre les poings – qu’il a larges – et s’agace. «Bien évidemment que je n’ai aucun contact avec lui ! Il a toujours été un homme de système, et il l’est encore. Il est député au Parlement russe, je vis en exil. Nous n’avons rien en commun, hormis d’avoir été tous les deux champions du monde.»
Garry Kasparov déteste donc toujours Anatoli Karpov. Les deux génies, l’attaquant flamboyant et le défenseur effacé, le rebelle et l’apparatchik, se sont af…